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"Chacun a la capacité d’agir pour être plus heureux au travail" : entretien avec Lewis Gotteland, fondateur de Happy Quest

Dans le cadre de la rédaction de notre livre blanc "Comment aider chaque collaborateur à prendre en main son épanouissement professionnel (grâce au numérique)", nous nous sommes entretenus avec Lewis Gotteland, fondateur de Happy Quest, un jeu sous forme d’application mobile pour booster le bien-être au travail. Zoom sur cette application et sur les opportunités que présentent le numérique pour favoriser le bien-être au travail.

Voici une restitution de cette interview dans son intégralité. Un condensé est également inclus dans notre livre blanc.

En quoi le numérique représente-t-il une opportunité pour le bien-être au travail ?

L’avantage énorme du numérique, c’est l’accessibilité et la facilité de transmission de l’information.

Le digital nous permet de diffuser notre contenu à l’ensemble des collaborateurs, quels que soit leur poste ou leur localisation géographique, de manière ultra puissante et rapide.

Un objectif difficile à atteindre avec des formats en présentiel. Par exemple, mon ancienne entreprise comptait beaucoup de techniciens chauffagistes, qui travaillent en itinérance, qui font beaucoup de déplacement pour faire des réparations. Ces collaborateurs là ne vont pas se rendre au siège de la Défense pour assister à une conférence délivrée par un BAC + 12 qui déroule son power point sur les bonnes pratiques des neurosciences et de la psychologie positive.

Ce qui me permet de rebondir sur un autre pilier fort de notre outil, qui est l’aspect ludique. On avait à coeur de démocratiser la connaissance de façon concrète mais aussi sympa et positive. Le jeu augmente l’implication et la concentration, ce qui va nous permettre d’apprendre plus facilement et de sortir plus facilement de notre zone de confort.

Enfin, l’avantage d’un format digital c’est que le collaborateur a beaucoup plus de contrôle sur les temps d’utilisation. Contrairement à l'événementiel, qui impose de bloquer plusieurs heures d’affilées et intervient de façon très ponctuelle, le numérique permet à la fois beaucoup plus de flexibilité en terme d’emploi du temps - chacun peut choisir à quel moment de sa journée il souhaite y consacrer quelques minutes - et d’ancrer la pratique dans la durée. Nous avons cette capacité d’accompagner sur des petits pas, par petites touches, pour mettre en place des habitudes qui vont se transformer en automatisme.

En quoi Happy Quest aide le collaborateur à devenir acteur de son épanouissement professionnel de façon concrète ?

La partie sensibilisation, transmission de connaissances, de l’application permet de poser les bases et les fondements du changement, mais ce qu’on cherche à favoriser avant tout, c’est le passage à l’action.

Le message qu’on fait passer, c’est que chacun a la capacité d’agir pour être plus heureux au travail, par petites touches, de façon autonome, peu importe où il se trouve ou quelle est sa situation. La clé se trouvant justement dans ce mot : “agir”. On invite à l’action à travers une série de défis, ancrés dans le quotidien.

Notre challenge, c’était de transformer ces défis en habitudes. On a donc conçu un baromètre très concret pour que les utilisateurs puissent situer leur bien-être ressenti au travail, identifier les ingrédients de leur épanouissement et mesurer leur progrès dans la durée.

Pour encourager l’appropriation de l’outil et l’engagement des collaborateurs dans la durée, on travaille aussi sur une logique “blended”. Pour l’instant, dans les entreprises qui l’utilisent, c’est au collaborateur de choisir ou non d’utiliser le jeu. On souhaite proposer des ateliers autour du thème du bonheur au travail, qui allieraient un mini-cours autour de la science du bonheur et une réflexion avec les collaborateurs sur l’intérêt d’adopter certains principes dans leur quotidien, pour les encourager à utiliser l’appli.

Si je comprends bien, vous visez avant tout à transformer les comportements individuels ?

Oui, pour l’instant l’action reste individuelle, mais elle a indéniablement des répercussions sur le collectif et c’est aussi le message qu’on cherche à faire passer. Losada a étudié la dynamique de groupe et a établi qu’il faudrait un ratio de 3 interactions positives pour 1 négative pour qu’une équipe fonctionne correctement. En dessous, elle dysfonctionne. Et si le ratio est de plus de 6 pour 1, l’équipe sur-performe.

L’action individuelle a donc des retombées considérables sur l’ensemble du groupe. D’ailleurs, les  gens qui rayonnent, qui sont souriants, attentionnés, diffusent ça autour d’eux. Le sourire, le rire, l’optimisme, tous ces comportements positifs sont contagieux.

Un de nos enjeux à venir c’est d’apporter du collectif dans l’expérience de jeu, sans rentrer toutefois dans des dynamiques ni de compétition ni de réseaux sociaux.

Quelles sont, selon vous, les bonnes pratiques à suivre ou les conditions nécessaires pour que le collaborateur tire un maximum de bénéfices d’un outil comme le vôtre ?

Une des difficultés c’est les différences de besoins et de rapport au bien-être au travail entre les salariés. Notre application vise plutôt ceux qui sont à un niveau de bien-être moyen, c’est-à-dire ce ventre un peu mou qui rassemble, en fait, une majorité de personnes.

Notre ambition est de proposer des parcours personnalisés, pour coller au mieux aux besoins de chaque utilisateur, et pour pouvoir aussi accompagner de façon pertinente ceux qui vont moins bien pour qui l’application peut s’avérer contreproductive. Notre baromètre permet de les repérer, et l’idée est d’adapter le contenu pour ces personnes-là.

L’application est un complément à tout un travail sur les RPS mené par l’entreprise, pour acculturer et ancrer les bonnes pratiques. Elle n’a pas pour vocation d’avoir un impact sur  la base de l’organisation, sur les méthodes de  management, etc.

Néanmoins, grâce au baromètre, on peut transmettre un tableau de bord aux RH pour pointer du doigt les dysfonctionnements éventuels et les aider à identifier les priorités et les actions possibles.

Enfin, je suis très vigilant sur les organisations avec qui je travaille. Je m’assure qu’il y ait une cohérence avec la stratégie et la culture globale de l’entreprise pour éviter à tout prix le happy washing.  Le top management doit soutenir l’initiative, pour qu’il n’y ait pas de contradiction entre le quotidien de travail et ce que l’appli propose.

Ce qui compte c’est que la démarche soit sincère, que la philosophie ce soit de placer le bien-être des salariés comme priorité,  plutôt que d’instrumentaliser le bien-être pour augmenter la productivité... même si cette sincérité n’est pas toujours facile à évaluer.

Comment les entreprises peuvent-elles mesurer l’impact et le ROI d’une telle démarche ?

De manière rapide, il y a les indicateurs de bien-être intégrés à l’application et leur évolution. Un autre indicateur intéressant est le taux de petit absentéisme - les absences de très courtes durées - sur lesquelles on peut avoir un impact assez rapide, et dont la baisse peut d’ailleurs représenter une économie importante pour l’entreprise.

Un autre aspect un peu plus complexe à mesurer c’est le turnover. Attirer et fidéliser les talents constituent un gros enjeu à l’heure actuelle, avec des coûts de recrutement considérables. Encore plus complexe mais à l’impact très fort, l’augmentation de la coopération, de la créativité, de l’innovation, de la marque employeur et donc in fine de la performance globale de l’organisation.

Quels conseils donneriez-vous aux RH pour se frayer un chemin parmi le foisonnement d’outils à leur disposition ?

Dans l’idéal,  le meilleur moyen de mettre en place une démarche de bien-être au travail est d’impliquer les salariés, de co-construire avec eux pour qu’ils portent la démarche, et qu’elle soit au plus proche de leurs besoins.

Par exemple dans mon ancienne entreprise, beaucoup de salariés avaient des douleurs physiques dû à un travail éprouvant. Pour eux, mettre à leur disposition des séances de massage avait du sens.

Autre piste : se faire accompagner. C’est la vocation de certaines organisations comme la HappyTech, le Lab RH, le club des CHO, et surtout la Fabrique Spinoza, qui est top et que je placerais en premier pour aider les RH à construire leur démarche de bien-être au travail. Amélie Motte de la Fabrique Spinoza et Saphia Larabi de l'Observatoire Spinoza viennent d'ailleurs de publier La Boite à Outils du CHO. L’idée est d’aller chercher quelqu’un qui va réussir à capter le besoin et amener une réponse impartiale sur la meilleure solution à adopter.

https://www.bloomr.life/livre-blanc
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